Le groupe de travail (GT) s’est réuni le 30 janvier 2025 afin de faire un bilan sur la gestion des punaises de lit dans les services de la DRFIP de Paris. L’augmentation significative des infestations en 2024 a soulevé de nombreuses inquiétudes, tant sur l’efficacité des traitements mis en place que sur l’accompagnement des agents touchés par cette problématique. La réunion a permis de revenir sur les actions menées jusqu’ici, d’en analyser les limites et d’envisager des perspectives d’amélioration.
Contexte et état des lieux
En 2024, plus de 20 saisines ont été recensées concernant des infestations de punaises de lit dans les services de la DRFIP de Paris, contre seulement 4 ou 5 en 2023. Cette explosion des signalements a mis en évidence l’inefficacité des dispositifs de traitement existants et a eu des conséquences importantes sur les conditions de travail des agents concernés. La direction reconnaît désormais l’ampleur du problème et ses effets néfastes sur l’organisation du travail. En 2022, un accident du travail avait été déclaré suite à diffusion de produits toxiques à Paganini en présence de salariée ; cela avait donné lieu à une enquête du CHSCT. Aucun cas n’est connu en 2023 et 2024. Lorsque diffusion de produits toxiques a lieu, cela présente un danger durant environ 8h et c’est pour cela que dans ce cas toutes les personnes doivent être évacuées.
Réaction et prise en charge par la direction
Face à cette situation, la direction a admis qu’elle partait de zéro en matière de gestion des infestations et qu’elle a dû apprendre au fur et à mesure. Pour tenter d’améliorer le dispositif, elle a sollicité des spécialistes (ingénieurs, médecins) afin de repenser les méthodes d’intervention. Un nouveau protocole a été défini et validé par le médecin coordinateur. Ce protocole a été présenté par le Secrétariat Général (SG) lors d’un retour effectué le 2 décembre 2024. Cependant, ce protocole reste encore sujet à débat quant à sa réelle efficacité et sa mise en œuvre.
Problèmes soulevés par les organisations syndicales (OS)
En septembre 2024, la formation spécialisée a voté une délibération à l’initiative de la CGT revendiquant en matière de prévention des vestiaires individuels au lieu de porte-manteaux collectifs afin de limiter le passage d’un vêtement à l’autre des punaises ; c’est une recommandation du ministère. La direction n’y donne pas satisfaction à la date d’aujourd’hui, mais étudiera les possibilités notamment à Paganini…
Les organisations syndicales, notamment la CGT et Solidaires, ont dénoncé l’absence de concertation avec les représentants du personnel dans l’élaboration du protocole. Elles regrettent que les agents n’aient pas été associés en amont alors qu’ils sont les premiers concernés par ces infestations.
La direction a tenu un groupe de travail le 13 octobre avec des spécialistes suite à la tenue le 25 septembre d’une réunion extraordinaire de la formation spécialisée et l’alerte des syndicalistes de la FS. Pourtant elle n’y a pas invité les représentant.es des personnels et n’y a même pas posé la question des vestiaires individuels en matière de prévention.
Par ailleurs, un manque de clarté subsiste quant aux mesures réellement adoptées. Le SG parle davantage de recommandations et de préconisations plutôt que d’un protocole strictement défini. Cette approche floue ne garantit pas une prise en charge efficace et systématique.
Enfin, la CGT soulève la question de la densification des bureaux et de la mobilité des agents, qui pourraient favoriser la propagation des punaises de lit. La direction, quant à elle, réfute cette hypothèse et considère qu’aucune étude ne permet de l’affirmer à ce stade.
Gestion des cas et accompagnement des agents
La gestion des agents confrontés à des infestations demeure un point particulièrement sensible. La communication en interne reste insuffisante : les chefs de service sont informés des cas détectés, mais les agents directement concernés manquent encore de soutien et d’accompagnement spécifique.
En matière d’aides sociales, les chiffres montrent une nette baisse des bénéficiaires. En 2023, 11 agents ont été accompagnés financièrement contre seulement 5 en 2024. Les aides se limitent à environ 700 € par personne, ce qui ne comprend pas le remplacement de la literie. L’aide peut aller jusqu’à 2000€ par personne. Or, certaines dépenses peuvent s’élever à plusieurs milliers d’euros (jusqu’à 5000 € dans certains cas).
La CGT dénoncent une prise en charge insuffisante et estiment que ce n’est pas à l’action sociale d’assumer ces coûts, mais bien à l’employeur.
Problèmes de détection et de traitement
La détection des infestations repose principalement sur l’intervention de chiens détecteurs, mais cette solution reste coûteuse. La direction envisage d’instaurer des passages réguliers sur certains sites à risque, comme Paganini. Cependant, aucune méthode ne garantit une fiabilité à 100 %, ce qui complique la prévention.
Les traitements appliqués ont également évolué. Si des traitements chimiques ont été utilisés en 2023, ils ont ensuite été progressivement remplacés par des alternatives comme la cryogénisation, la vapeur sèche ou encore la terre de diatomée. Toutefois, les échecs répétés des prestataires ont conduit à des interventions prolongées et inefficaces, comme ce fut le cas à Godefroy Cavaignac dans le 11e arrondissement.
Dans les documents fournis par la direction, il est question que ce soit les agents de la gestion de site qui évalue la présence de punaises de lit et le degré d’infestation. Pour la CGT, les agents n’ayant pas une formation en détection de punaises de lit, il n’est pas sérieux d’envisager ce type de contrôle alors que la direction nous parle de méthode scientifique !
Coût financier et critique syndicale
Le coût global des traitements s’est élevé à 220 000 € en 2024 pour la DRFIP de Paris. Ce chiffre met en évidence le poids financier important de la gestion des punaises de lit. La CGT critique le manque d’anticipation et de prévention, qui entraîne des interventions tardives et coûteuses.
Par ailleurs, l’absence d’information claire à destination des agents contribue à une forme de psychose généralisée sur cette question, ce qui alourdit encore la gestion de la situation.
Revendications et perspectives
Face à ces constats, la CGT demande:
- Une politique de prévention qui passe par le maintien de vestiaires individuels là ou ils sont existants, et par la mise à disposition de nouveaux vestiaires là ou ils ont été supprimés par la DRFIP en remplacement des porte-manteaux collectifs
- Une meilleure communication auprès des agents, notamment via des réunions d’information sur site.
- Une prise en charge financière des frais liés aux infestations par l’employeur, et non par l’action sociale, et ce, quelle que soit la situation financière de l’agent victime. En effet, face à l’impossibilité de trouver les causes de cette situation, une présomption de responsabilité doit incomber à l’employeur ; pour la CGT, c’est la seule manière d’éviter la propagation et d’assurer un soutien réel et entier aux collègues. Un protocole clair et contraignant, avec des engagements précis sur les délais et les modes de traitement.
- Une prévention renforcée, notamment via des passages réguliers des chiens détecteurs, malgré le coût que cela représente.
- Des autorisations d’absence aux agents ne souhaitant pas effectuer de télétravail ni risquer de ramener des punaises de lit à leur domicile
Ces revendications visent à garantir un traitement efficace des infestations et à assurer la protection des agents face à ce problème qui impacte fortement leur quotidien.