Madame la directrice,
Les fusions des secteurs d’assiette au sein des SIP actent la fin d’un travail sectorisé avec pour finalité la mise en place de blocs fonctionnels.
Le travail sectorisé avait pour vertu de permettre à l’agent·e, véritable technicien·ne de l’impôt sur le revenu, d’avoir une vision d’ensemble des tâches à accomplir rythmé par les échéances. Supprimer les secteurs rend le travail vide de sens et a pour conséquence une démobilisation dans le travail puisque plus personne n’est responsable du dossier.
En effet, la massification des tâches va retirer l’intérêt des missions auxquelles les agentes et les agents sont attaché·e·s et accroître ainsi le malaise au travail qui est d’ores et déjà prégnant. Fusionner les secteurs est donc bien la première étape qui permet de vider les SIP de leurs missions et de les faire disparaître.
Vous proposez des organisations en « blocs fonctionnels » : un bloc gestion, un bloc comptabilité et recouvrement forcé et un bloc relation usagers. Cette nouvelle organisation vous permettra par la suite de sortir certains blocs des SIP pour mieux les envoyer vers des services externes, à l’instar des délocalisations des missions des SIE, et ainsi supprimer encore plus de postes.
Chaque bloc aura un cadre A à sa tête.
La formation des cadres A doit être obligatoire et non optionnelle. Eux aussi subissent des pressions pouvant amener à des risques psychosociaux.
Pour la CGT, le rôle de l’encadrement ne doit pas être uniquement managérial. Les agents attendent de toute leur hiérarchie un soutien technique fort. Quant aux collègues changeant de missions et pour tous ceux affectés en bloc fonctionnel relation usager (BFRU), la formation doit être également une priorité ; le plan de formation doit respecter l’ordre des apprentissages et la direction devra s’assurer que l’ensemble des collègues pourront partir en formation sans restriction des chefs de services.
Nous tenons à rappeler que, malgré les différentes réformes, les nouvelles missions, la multiplication des canaux de contact, le manque récurrent d’effectifs, les suppressions d’emplois, les nouvelles applications informatiques, les bugs informatiques, les annonces précipitées du ministère et l’absence de reconnaissance de leur travail, les agents des SIP ont prouvé qu’ils étaient en capacité de maintenir un service public de qualité.
Votre projet veut permettre « des gains en professionnalisme et efficacité, tout en continuant à progresser dans la qualité du service rendu, et en garantissant les meilleures conditions de travail des équipes. »
Comment croire à cette drôle d’équation, où vous conjuguez le faire mieux avec toujours moins de collègues alors même que nous vous alertons depuis tant d’année sur le sous-effectif d’agents dans les SIP et ses conséquences, les difficultés croissantes à assumer les missions qui sont les nôtres, causes de notre mal être au travail, de démotivation et de fatigue psychologique ?
Ce ne sont pas les collègues qui se sont éloignés du cœur de métier du SIP mais bien l’administration qui s’est éloignée à la fois des contribuables et des agent·e·s en supprimant toujours plus de postes, en ayant fait disparaître les postes de relations publiques, en réduisant les plages horaires pour l’accueil et en incitant avec brutalité, les contribuables à aller vers la dématérialisation (GMBI).
Aussi, pourquoi nous présenter des listes « illustratives » sensées recenser les activités d’un SIP alors que votre projet représente un chamboulement total de la répartition des effectifs du SIP. Il eut été plus pertinent que vous rendiez compte de listes exhaustives des différentes activités à la charge d’un SIP tant votre projet bouleverse et modifie l’organisation du travail ayant prévalu historiquement et cela tant à l’assiette qu’au recouvrement. L’uniformisation prônée par l’organisation en blocs fonctionnels ne prend en compte ni le tissu fiscal des arrondissements, ni le calendrier des différentes tâches, ni les vacances de postes.
Sans liste exhaustive, vous vous privez de mesurer la réalité de la lourdeur des tâches exercées par nos collègues des SIP. Peut-être cela vous aurez permis de vous rendre compte de l’inanité et de l’impossibilité de votre projet.
La CGT n’est pas dupe, il s’agit du retour du fameux « compromis » Tayloriste, époque où les salariés d’alors acceptaient des méthodes d’organisation du travail inhumaines en contrepartie d’une forte progression de leur pouvoir d’achat.
Y aurait-il eu contrepartie que la CGT se serait opposée à votre projet de taylorisation des activités des SIP, car cette nouvelle « méthode d’organisation du travail » est par nature source de risques psychosociaux !
Mais reconnaissons ensemble qu’avec l’absence de revalorisation salariale significative à hauteur de l’inflation et les suppressions massives d’emplois que supporte chaque année notre direction, qu’à la DGFIP c’est travailler toujours plus, pour gagner toujours moins.
Votre projet repose sur trois principes fondamentaux : la parcellisation des tâches, la spécialisation des collègues, un contrôle hiérarchique direct sur toutes les activités exercées.
Les conséquences sur les agent·e·s sont connues : aliénation et perte du sens au travail !
La folie de votre projet est d’enfermer les agent·e·s dans des tâches strictement identifiées or, comme le disait Pascal, « l’Homme est un roseau pensant et non une simple machine exécutante. »
La folie de votre projet est de croire que vous obtiendrez une adéquation entre les résultats escomptés et les résultats obtenus.
La folie de votre projet se cache dans votre entêtement face à la souffrance de nos collègues et de leurs légitimes revendications, et tout cela pour un devenir infernal avec un management de contrôle permanent fixant des objectifs irréalisables.Après avoir réduit les effectifs des SIP a peau de chagrin, vous promettez aux agents restants une industrialisation et une caporalisation de grande ampleur de leurs conditions de vie au travail.
Madame, tout cela nous rappelle l’Affaire France Télécom et son cynique PDG Didier Lombard !
C’est à un corps fatigué presque moribond par endroit que vous promettez « cette transformation » à marche forcée. C’est un équilibre ténu dans nos SIP que vous menacez par la mise en place de blocs fonctionnels !