Mme Amélie Verdier (non, a priori rien à voir avec Agnès Verdier-Molinié de l’IFRAP, pas de panique !) vient d’être nommée Directrice Générale des Finances Publiques.
La CGT Finances Publiques Paris ne peut que se féliciter qu’enfin, une femme soit nommée à la tête de notre administration : une première depuis la création de la DGFIP en 2008, mais aussi si l’on remonte à l’époque de l’ex-DGI et l’ex-DGCP !
Cette nomination intervient à la suite du départ de Jérôme Fournel pour être à la tête du cabinet du Ministre de l’Economie Bruno Lemaire. Départ sur fonds d’ « affaire Neymar », qui a entraîné des perquisitions à Bercy…
La nomination de Mme Verdier, énarque issue de la même promotion que le Président de la République, nous interroge néanmoins. Directrice du Budget de 2017 à 2021, elle dispose d’une certaine expérience dans notre périmètre ministériel. Mais Mme Verdier a également été directrice de cabinet du Ministre délégué chargé du Budget de 2012 à 2014. Et c’est là que nous pouvons nous interroger : en effet, le Ministre en question entre mai 2012 et mars 2013 n’était autre que… Jérôme Cahuzac !
Mme Amélie Verdier occupait donc le poste de directrice du cabinet du Ministre en pleine affaire Cahuzac !
Un petit rappel des faits s’impose : la première personne à avoir enquêté sur la situation fiscale de Jérôme Cahuzac, y compris sur l’existence d’un compte en Suisse, n’est autre qu’un collègue (et membre de la CGT), Rémy Garnier, un vérificateur du Sud-Ouest.
Celui-ci a subi les pires outrages par la classe politique et l’administration pour avoir osé mener ses investigations. Il a fait l’objet de nombreuses sanctions disciplinaires, de mises au placard, de pressions diverses, durant des années. Fort heureusement la Justice a réhabilité notre collègue, et même condamné la DGFIP en 2016, à lui verser plus de 120 000 euros au titre de dommages et intérêts pour le préjudice subi.
On peut légitimement estimer qu’aucun lien n’ait existé entre la fameuse affaire et notre nouvelle DG, et que Mme Verdier ignorait tout de la fraude fiscale pour laquelle M. Cahuzac a été condamné.
Là où le bât blesse, c’est qu’à l’époque, auditionnée le 21 mai 2013 dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire consacrée à l’affaire Cahuzac, Mme Verdier avait affirmé que les éléments présentés par Rémy Garnier étaient… « fantaisistes ».
Que penser de ce manque de confiance, de ce manque de discernement, vis-à-vis d’un agent de la DGFIP à l’époque ? Quelle confiance accordera désormais notre nouvelle DG aux agentes et agents de la DGFIP ?
Loin de nous l’idée de proférer la moindre accusation ou de faire un procès d’intention à la nouvelle DG dès son arrivée. Nous sommes néanmoins perplexes devant cette nomination à la tête de la DGFIP, pour qui la lutte contre la fraude fiscale est officiellement une priorité. Nous serons donc vigilant.es et attendons de voir si Mme Verdier poursuivra la casse organisée de la DGFIP, une administration qui dérange certain.es, ou si enfin, nous disposerons des moyens humains et matériels pour exercer nos missions de service public.