A la fin de la deuxième année de la crise du COVID 19, l’AGRAF peine à retrouver un niveau de fréquentation comparable à celui de 2019 qui constitue l’année de référence.
L’année 2021 est plus que particulière, les circonstances ont eu pour conséquence la diminution du nombre de repas servis : 1 080 797 repas servis, c’est un peu mieux que les 1 055 490 repas servis en 2020, mais c’est environ ‑ 46,6 % du chiffre d’affaires de l’année 2019 (2 026 548 repas servis).
En 2022, la fréquentation remonte un peu mais elle dépassera difficilement les 70 % par rapport à 2019.
Comment expliquer cela ? Les habitudes ont changé et le télétravail impacte fortement la fréquentation des restaurants ; une forte chute de fréquentation est observée en particulier le mercredi et le vendredi.
Le taux de la vente à emporter s’est stabilisé autour de 10 %.
On notera que l’AGRAF et surtout son personnel a su s’adapter à ces circonstances difficiles, les équipes dans les restaurants, souvent en effectif très réduit, se sont démenées pour fournir les repas dans les meilleures conditions possibles, assurer la sécurité sanitaire et recevoir les usagers malgré toutes les contraintes et le surcroît de travail.
BUDGET
Le contexte a été difficile mais les subventions ont suivi. Actuellement le niveau de subventions représente 67 % du chiffre d’affaire.
L’AGRAF s’enorgueillit d’être la seule association à tenir les objectifs de la loi EGALIM qui prévoit qu’une partie des achats (au moins 20%) soit obligatoirement composée de produits bio, de qualité et/ou de production locale.
L’AGRAF a prévu de fournir 50 % de produits EGALIM dont 33 % de produits bio (semoule, riz, pâtes, légumes secs sont déjà bio).
On nous dit que cela a un coût important mais la tutelle (le ministère) incite à l’application de cette loi et de ce fait elle a couvert les surcoûts induits.
Le « coût denrées » des repas a augmenté et il s’élève à 3,58 € HT alors qu’il était de 2,96 € en 2020. La loi EGALIM y a fortement contribué mais aussi la hausse de certains produits alimentaires (huile, fruits) cependant cette hausse date plutôt de 2022 et donc l’argument était un peu prématuré sur l’exercice 2021. Le budget des achats a dû faire face à un surcoût global de 500 000 €.
L’AGRAF achète moins de poisson pour des raisons de prix et d’approvisionnement et donc n’en propose plus tous les jours.
Actuellement le plat végétarien a un coût de revient presque équivalent à celui d’un plat de viande du fait de la hausse du prix des légumineuses et du soja.
Concernant les dépenses, nous avons demandé des précisions sur certains postes qui avaient beaucoup augmenté : l’installation des « pare haleine » a coûté fort cher, de mêmes certains postes d’honoraires ont beaucoup augmenté, en particulier l’AGRAF a dû faire appel à des cabinets de recrutement pour trouver du personnel. Malgré cela l’association n’a plus de directeur-trice financier-e et plus de responsable des achats. Le trésorier a reconnu que cela générait pas mal d’imprécisions dans les comptes présentés et aussi des gros écarts entre le budget prévisionnel et le budget réalisé…
Contre toute attente le résultat est largement bénéficiaire : 1 240 451 €
Nous nous étonnons que ce soit le cas au sein d’une association.
BILAN SOCIAL
Comme toujours , le « bât blesse » sur le sujet, les effectifs diminuent sans cesse. Il semble que l’AGRAF ait perdu 53 salariés en 2 ans. Les démissions et les ruptures conventionnelles augmentent et les périodes d’essai ne débouchent pas souvent sur un contrat, les salariés partent…
Comme l’an passé, nous avons eu beaucoup de mal à obtenir de la DRH le nombre exact de départs : il y aurait eu 5 départs volontaires après période d’essai, 12 démissions et 5 ruptures conventionnelles en 2021.
Nous avons noté aussi dans les dépenses de l’association qu’une somme de 130 000 € avait été provisionnée pour des litiges « salarié-employeur » portés devant les prud’hommes, ça ne s’arrange pas !
Le climat ne semble pas porteur car l’association a de très grandes difficultés à recruter.
Nous soulevons les doléances du personnel qui se plaint de souffrance au travail, d’un manque d’effectif qui rend difficile la satisfaction des usagers : une seule personne dans certains restaurants doit tout faire et court pendant toute la durée du service.
Nous notons que nos interventions sont critiquées avec une grande virulence par le trésorier et la directrice du personnel de l’AGRAF. Quant au président , il nous assène sèchement que nous sommes représentant-es des usager-es et non du personnel de l’AGRAF.
C’est normal nous dit la direction car le secteur de la restauration collective subit une récession sans précédent (-30 % de chiffre d’affaire) et vu que le nombre de repas servis baisse, le nombre de salariés doit baisser aussi.
Et puis dans la restauration collective, la norme est d’un salarié pour 50 convives alors qu’à l’AGRAF, il ne faut pas se plaindre, le ratio est plus favorable.
Nous répondons que nous sommes dans le cadre d’une association, pas d’une entreprise à but lucratif et que pour garder le personnel il faut que les conditions de travail restent correctes, de plus cela a une influence directe sur la satisfaction des usagers qui sont nombreux à être sensibles aux difficultés du personnel de l’AGRAF.
Rappelons que L’AGRAF est une association sous tutelle alimentée par des subventions et son but est de fournir une restauration collective de qualité, elle est tenue également d’être exemplaire et de respecter ses personnels et d’avoir un management humain et respectueux. Actuellement ce n’est pas le cas.
L’AGRAF est une association, son « management » ne doit pas être celui d’une entreprise même si certains dirigeants sont issus de ce milieu, il n’est pas normal que les salarié(e)s s’y sentent si mal et que celles et ceux qui sont à la tâche soit si déprimé(e)s.
Et ce ne n’est pas l’agressivité voire les menaces proférées par M CURTENAT lors de l’AG : « arrêtez de colporter que ça ne va pas à l’AGRAF sinon les associations du ministère vont disparaître et ce sera de votre faute ! » qui peuvent contrebalancer cette triste réalité.
TRAVAUX
Les travaux de Saint Sulpice commenceront en juillet 2022, la réouverture est prévue dans 10 mois.
Une solution de remplacement a été prévue pour les rationnaires mais elle est coûteuse, la délégation s’acquitte d’une subvention importante auprès du restaurant de remplacement (coût réel du repas = 20€).
En application du NRP, le site de Boucry a fermé définitivement le 13 juillet 2022 puis ce sera le site de Banque en été 2023, le site d’Uzès en 2024 et ensuite les sites de Godefroy Cavaignac (11eme) et Meuniers (12eme).
Le restaurant du site de Londres va fermer car les problèmes se cumulent et il va falloir y réaliser des travaux importants (problème d’hygiène, de souris, de gaz, d’électricité et de canalisations).
Le site de Reuilly a rouvert après travaux le 17/06/2021 mais il ne fait plus que 700 couverts (900 avant fermeture).
Les restaurants de Noisy-Montaigne et Vincennes sont restés fermés plusieurs mois, officiellement cela est dû à un manque de fréquentation, officieusement on pense plutôt à un manque de personnel.
ÉVOLUTION DE L’OFFRE A L’AGRAF
Nous avons souligné que des caisses automatiques avaient été installées dans certains restaurants sans que les représentant-es des usagers en soient informé-es.
Cependant les infos collectées par la machine doivent être traitées par un-e salarié-e afin de valider le prix à payer par l’usager.
L’AGRAF est toujours intéressée par les offres de « snacking » mais avec un potentiel de 2 à 5 % des repas fournis, cela ne compense pas la perte de fréquentation.
On nous reparle aussi de repas à emporter pour les jours de télétravail par le biais d’armoires frigorifiques connectées, cela n’est pas facile à mettre en place et présente des risques d’hygiène à cause des possibles ruptures de la chaîne du froid.
Concernant la tarification au plat et l’expérimentation qui en a été faite à Bercy : l’enquête de satisfaction qui a été faite a montré que 63 % des personnes interrogées n’apprécient pas cette offre car elle a pour conséquence une hausse des tarifs (1€ de plus par repas globalement) du coup les usagers de Diderot et Daumesnil ont tendance à se reporter sur Sully.
L’enquête de satisfaction a montré un fléchissement par rapport à 2020 (66 % de satisfaction) et ce n’est pas le personnel qui est en cause (item de satisfaction : 85%), il semble que la prestation fournie se soit dégradée et cela interroge vu que les subventions sont maximales.
La tutelle a fait le choix de prendre comme variable d’ajustement le personnel alors qu’il est la clé d’une prestation de bonne qualité.
Nous tenons à rappeler que l’AGRAF est censée remplir une mission sociale par délégation de sa tutelle ministérielle : elle se doit de fournir une restauration de qualité et à coût maîtrisé au personnel des administrations financières mais elle n’a pas pour vocation de faire du bénéfice.
Rappelons que selon le rapport de gestion 2021, la fréquentation des restaurants est pour 70 % composée de personnels bénéficiant des tarifs subventionnés 1 à 3 c’est à dire de personnels percevant de bas salaires et pour lesquels la restauration collective bon marché est indispensable pour le maintien de leur pouvoir d’achat.
VOTES
Les représentants CGT ont voté contre les résolutions afin de marquer leur désapprobation face à une évolution qui ne leur convient pas.