Ce vendredi 22 avril, la direction recevait une délégation d’agent-e-s du site de l’Argonne afin de répondre à la pétition intersyndicale visant à obtenir une compensation horaire de 15 minutes pour se rendre à la cantine la plus proche.
Car l’absence de restauration collective sur place, sans adaptation du temps de pause méridienne permettant la prise en compte du temps de trajet vers les cantines conventionnées, conduit un nombre important de collègues à manger sur leur poste de travail.
Sans rire, la direction répond que la prise de repas sur place correspond au choix des collègues et qu’aucun local dédié ne sera donc mis à leur disposition compte tenu de l’existence des 2 cantines de quartier !
Mais c’est bien sûr ! Comment avons nous pu oublier cet attachement physique des collègues à leur bureau pour mieux comprendre leur volonté de manger seul sur place plutôt qu’avec les collègues dans un local adapté ? Comment avons nous pu sous estimer les qualités gustatives des jambon beurre et autres sandwich variés pour comprendre qu’un repas équilibré pris avec les collègues dans une cantine subventionnée ne faisait pas le poids au moment du choix fatidique ?
A ce niveau d’échange était-il besoin de rappeler que la tension sur les horaires, le temps de trajet n’entrant pas dans la pause méridienne, les files d’attente à la caisse, les obligations en terme de réception, la campagne IR ou les pics de charge en SIE ne laissent pas toujours le choix d’aller se restaurer dans ces cantines ? Cela a été fait, à plusieurs reprises, mais sans que la direction n’y voit un problème ou n’accepte l’invitation qui lui a été faite de réaliser un aller-retour en compagnie des agent-e-s lors d’une prochaine pause méridienne !
Et pourtant, cela lui aurait permis de comprendre que la marge de manoeuvre, lorsque l’aller et retour ne rentre pas dans les 45 minutes imparties, c’est bien la prise du repas en version accélérée.
C’est à ce titre que nous réclamons la compensation horaire.
Mais si certains sites (le 20ème ou le 11ème par exemple) en ont bénéficié à l’occasion de travaux ou de fermetures annuelles, la direction n’est pas gêné d’expliquer qu’elle n’est accordée qu’aux agent-e-s bénéficiant déjà d’une cantine. Autrement dit, lorsque vous n’avez pas de cantine, vous n’avez pas non plus de compensation horaire pour en rejoindre une autre : c’est fromage et dessert, ou plutôt pas de bras, pas de chocolat !
Le petit détail qu’omettent nos directeurs bien aimés est qu’il y a déjà eu une cantine sur le site du 19ème : demandez aux anciens, ils vous confirmeront. Dès lors, nous aussi sommes provisoirement privés de cantine, comme nos collègues du 20ème ou du 11ème l’ont été. Manque de chance, la direction n’a pas la même définition du provisoire : elle ne dédommage les préjudices que lorsqu’ils s’élèvent à seulement quelques mois, pas ceux qui dépassent l’année : c’est ballo… D’autant plus regrettable que l’allongement de ce provisoire lui est imputable : il ne tenait qu’à elle qu’une cantine soit rétablie plus rapidement sur le site. Mais là, elle aurait due nous accorder le 1/4 d’heure !
Notre direction ne défend la justice sociale que lorsque ce n’est pas trop difficile de le faire.
Cette originalité intellectuelle la conduit logiquement à défendre l’injustice pour tous. Il serait selon elle inéquitable d’accorder la compensation horaire aux seuls agente-s du 19ème arrondissement alors que d’autres sites ne l’ont pas. Alors plutôt que de rétablir la justice pour l’ensemble des agent-e-s, elle les maintient tous dans l’injustice, par mesure d’équité. Très fort ! Très fort de café surtout !
Inutile de dire que nous ne partageons pas cette conception régressive du progrès social : nous revendiquons au contraire que l’ensemble des agent-e-s victimes du même préjudice, en l’occurrence du fait des carences de l’employeur dans l’organisation de la restauration collective sur les sites, bénéficient de la compensation de leur temps de trajet.
Pour compléter ces dérives sociales, l’administration ne prend bien évidement aucune aucune initiative pour se renseigner sur les conditions de la restauration collective des agent-e-s du site. Le taux de satisfaction des utilisateurs des 2 cantines de quartier se fait sur l’appréciation des plats, sans prendre en compte la course contre la montre ou les repas incomplets permettant de réduire la facture et le temps de pause. Les repas pris sur les bureaux ne sont quant à eux ni autorisés, ni l’objet d’aucun suivi : pratique lorsqu’on ne veut pas prendre ses responsabilités !
Nous avons rappelé que, si l’employeur n’a pas l’obligation de mettre une cantine à disposition, il n’en est pas moins responsable de la restauration des agent-e-s et de leur santé au travail. Face à l’alerte sanitaire avancée par certains agent-e-s, les collègues n’auront vu le président du CHS qu’en photo (lors de la remise du SELFWICH d’or*)… C’est dire l’intérêt accordé à la question.
Concernant la cantine proprement dite, la direction indique qu’il n’y aura pas de cantine AGRAF sur site mais un système équivalent d’un point de vue tarifaire, sous forme de liaison chaude, d’une capacité d’environ 150 couverts. Il ne s’agira ni d’une sandwicherie ni d’un « CROQ’AGRAF » mais d’un système permettant de prendre des repas équilibrés. La DG a donné son aval mais les négociations sont encore en cours en ce qui concerne le montant de la subvention. Nous devrions connaître cet été l’échéance de ce lieu de restauration qui devrait fonctionner d’ici décembre 2016 au plus tard.
On n’y est ! Voilà la raison motivant le déplacement de nos directeurs sur site : non pas l’équité des conditions de pause méridienne des collègues, l’hygiène des open space ou les effets de ces conditions de restauration dégradées sur la santé des agent-e-s, non, la grande avancée « concrète » justifiant cette réunion est bel et bien une nouvelle promesse ! Celle de connaître cet été l’échéance du nouveau point de restauration qui sera mis en place d’ici décembre 2016.
Autant dire que certains participant-e-s ont assez rapidement quitté la salle : probablement pas pour propager la bonne nouvelle dans les étages mais parce que cette bonne parole a déjà été tenue par une série de directeurs depuis une dizaine d’années, sans suite. Enfin sans suite pour nous, parce que depuis certains d’entre eux sont partis vers des horizons plus porteurs, à la retraite ou en province… peut être même vers une nouvelle promotion !
Ils n’auront pas la chance d’inaugurer ce point chaud de 150 couverts sur un site qui voit passer chaque jour près de 1 500 personnes, toutes administrations confondues. Certains usagers ne sont effectivement pas en poste fixe dans le 19ème (stagiaires, visiteurs, etc…) mais on a la nette impression que la direction ne les conçoit pas comme des personnes susceptibles de manger le midi, en tout cas, pas à la cantine ! Une seule entreprise a répondu à ce jour à l’appel d’offre lancé par la DRFIP, ce qui semble également assez surprenant en terme d’ouverture à la concurrence. Les conventions passées avec les cantines CNAV et Hémisphère ne seraient quant à elles pas maintenues, sans que l’avis des collègues sur la question soit pris en compte.
Voilà donc le seul élément « concret » que veut bien donner la direction et qu’elle présente comme une avancée majeure dans le dossier. Bien loin des réalités quotidiennes vécues par les agent-e-s du site depuis des années, il s’agirait donc de patienter encore quelque mois pour un avenir meilleur : allez, encore quelques sandwiches et c’est la cantine de vos rêves !
Nous ne partageons pas ce point de vue et proposons à l’ensemble des collègues ne disposant pas de cantine sur site d’unir leurs luttes autour de cette revendication légitime d’une compensation horaire du temps de trajet nécessaire pour se rendre à la cantine la plus proche. Luttons ensemble pour un alignement par le haut de nos conditions de travail et de restauration. La campagne d’impôt sur les revenus qui approche nous offre dès maintenant la possibilité d’organiser de nouvelles initiatives collectives ! |
* cette audience nous a permis de remettre aux représentants de la direction un tirage couleur en format A3 du SELFWICH d’OR désigné la veille par un jury indépendant, au 3ème tour, afin d’alerter la parité administrative sur les conditions de restauration des agent-e-s du site. Nous remercions tout particulièrement le président du Comité Hygiène et Sécurité de la DRFIP Paris Idf pour sa contribution au concours et son implication dans le suivi de l’hygiène alimentaire des agent-e-s du site de l’Argonne : Merci patron ! Les autres contributions, tout aussi méritantes, sont disponibles ici : http://cgtdgfip75.org/IMG/pdf/CONCOURS_pdf_21.pdf