Les ascenseurs de Saint-Sulpice sont taquins. Assez souvent, ils tombent en panne. Et parfois, ils le font avec des passagers à l’intérieur. C’est la mésaventure arrivée à un collègue le 16 juin, une semaine après un contribuable. Constatant que le bouton d’appel d’urgence ne fonctionne pas et qu’il n’y a aucun réseau téléphonique, il fait connaître sa présence de vive voix. La Direction, avertie, s’enquiert alors de savoir s’il s’agit d’un fonctionnaire ou d’un contribuable. Un fonctionnaire ? On se contentera donc d’appeler les services de réparation et non les pompiers comme cela se fait pour les contribuables retenus captifs.
Plusieurs leçons peuvent être tirées de pareille infortune : tout d’abord, force est de constater que nos dirigeants sont inconséquents et qu’ils ont perdu tout sens du service public. Le cerveau pollué par la vision comptable de leur mission, ils négligent de réparer durablement les ascenseurs… Préférant construire entre autres un bel auditorium pour leurs grand-messes, en sous-sol il est vrai. Notons ensuite qu’ils font nettement la distinction entre les contribuables qu’il faut protéger à tout prix… et leurs agents qui peuvent supporter toutes les avanies. On apprend enfin que, dans un pareil cas de figure, la présence à son poste de travail n’est pas forcément une garantie de survie.
En extrapolant dans la caricature et la mauvaise foi, on pourrait observer qu’à la DGFiP tous les ascenseurs ne sont pas en panne. Mais là aussi il existe une distinction marquée : si pour la grande majorité, l’ascenseur social s’est bloqué entre deux niveaux, pour nos grands dirigeants en revanche, il fonctionne bien et absorbe en cela une partie des économies d’échelle (mais pas de pompiers) réalisées jusque là ! Pour cette petite élite, affranchie des contraintes et de la pesanteur qui sévit dans les services, il n’est nul besoin d’appareils élévateurs coûteux en entretien pour faire décoller les indices…
«J’suis pas un PD, moi ! »
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– Rafle aux Buttes Chaumont
–6ème, Saint-Sulpice : après les souris, les souricières« >Le pavé de Paname – N°5