Monsieur le Président par délégation,
Ce CHSCT est convoqué en séance extraordinaire suite au suicide d’une collègue.
Nous ne comprenons pas que le président en titre de ce CHSCT n’ait pas daigné modifier son agenda pour présider ce CHSCT extraordinaire.
Une telle attitude est inadmissible.
Dans une communauté humaine et professionnelle, il est des moments où il faut savoir partager ce qui peut exister de plus insupportable et mettre en cause ce qui doit l’être.
Ce qui est insupportable, ce sont les suicides ou les tentatives qui touchent les agents.
Ce qui doit être examiné aujourd’hui c’est la responsabilité professionnelle de ces actes (fonctions occupées et conditions de travail) et par voie de conséquence la responsabilité de l’employeur en matière de santé et sécurité.
Quand des collègues laissent des signes de leur mal être au travail alors il n’est plus temps de tergiverser en essayant de mettre un couvercle, aussi feutré et compassionnel soit- il, sur des évènements tragiques.
Dans ces conditions, comment ne pas se référer au contexte général de la DRFIP de PARIS sur les conditions d’exercices du travail et de management des cadres.
Rien ne peut justifier qu’on puisse perdre sa vie à cause du travail.
Or, comment ne pas voir que le traitement qu’on inflige à l’ensemble des personnels des Finances, comme à ceux d’autres secteurs, depuis des années, est d’une violence insupportable :
Suppressions d’emplois incessantes qui rendent les services exsangues au regard des missions du service public et les attentes des usagers ;
Exigences de la direction pour satisfaire les indicateurs ;
Restructurations régressives incessantes dont le seul objectif est toujours et encore de réduire les coûts ;
Impossibilité de faire sereinement et correctement son travail ;
Culture de performance qui ne considère les personnels que comme des fournisseurs de résultats statistiques ;
Volonté de renforcer la mise en concurrence des personnels au travers de la modulation des primes et de l’entretien individuel ;
perte du sens du travail et désarroi, voire détresse des personnels face à la désorganisation généralisée des services, …
Manque de considération à l’égard des cadres.
Ce sont bien ces causes de la souffrance au travail qui sont aujourd’hui facteurs de graves risques psychosociaux et qui parfois conduisent malheureusement certains à l’irréparable.
La CGT dès lors est totalement fondée à combattre les mesures régressives conduites dans les administrations du ministère et ne peut se taire face à une mort tragique.
Au vu des éléments que nous avons d’ores et déjà pu recueillir qui implique la vie professionnelle de notre collègue dans son acte, la CGT demande le vote d’une délibération du CHSCT pour l’ouverture d’une enquête selon l’article 53 du décret 82-453.
Au-delà, nous entendons obtenir aujourd’hui des réponses:
1-sur sa situation professionnelle et ses conditions de travail,
Evolution et fonctions dans les postes occupés
Notation évaluation professionnelle
Demande de mutation
Arrêts de travail et Accident de service
Horaires de travail et CET,
Suivi médical par la médecine de prévention
Suivi spécial des agents en grandes difficultés
Prise en compte du précédent suicide d’une proche collègue
Contenu du DUERP du service
2-sur la mobilisation de l’équipe pluridisciplinaire de prévention( art 19 du décret n°82-453 modifié du 28 mai 1982):
– le dispositif d’écoute et de soutien psychologique aux proches et aux collègues de la victime (médecin de prévention, ISST, délégation de l’action sociale de PARIS, assistant de service social, psychologue, assistant de prévention…) en liaison avec la médecine de ville,
– l’action du service RH et l’information aux agents,
– l’alerte de l’administration centrale, du président, du secrétaire et des membres du CHSCT, du Secrétariat Général, du Président du CDAS de PARIS
3-sur le dépôt de plainte éventuel d’un ayant droit
La CGT fait observer que les agents du fait des restructurations et notamment suite à la mise en place des PRS, ne peuvent plus obtenir les mêmes taux de recouvrement qu’auparavant.
Des lors nous ne pouvons que dénoncer une stratégie de management par la pression, par le rappel incessant aux indicateurs.
Oui il y a une perte de repères et un profond malaise dans votre hiérarchie intermédiaire.
Au cas particulier, vos cadres sont en situation de souffrance et de maltraitance au travail identifiée clairement dans les risques psychosociaux…
Une analyse des risques et un plan d’action qui en découle sont les objectifs qui s’imposent aujourd’hui, mais malheureusement trop tard pour notre collègue.
Monsieur le Président, ce n’est pas une nouvelle approche en victimologie dont nous voulons.
Nous exigeons le vrai traitement des causes liées au travail qui ont conduit à ce tragique événement, par de réelles mesures de prévention des risques psychosociaux.