Ce jeudi 5 décembre, jour de première convocation du Comité Technique de Réseau boycotté par la CGT et qui devait entériner les suppressions d’emplois notamment pour Paris, les agent-e-s du site de Paganini ont eu la surprise d’assister à la visite inopinée de MM Cazeneuve, ministre du budget, Bézard, Directeur Général des Finances Publiques, Parini, Directeur Régional Parisien, accompagnés de leurs équipes. La visite leur a permis de rencontrer des collègues en charge de l’accueil généraliste et spécialisé d’un des plus importants sites de Paris puis de parcourir quelques uns des 8 étages de l’immeuble.
A la demande de la CGT, M Cazeneuve a accepté de recevoir rapidement les organisations CGT, Solidaires et FO. Le caractère improvisé de l’entretien n’a pas permis d’entamer le dialogue dans le détail, mais il nous appartenait de rappeler que les 154 nouvelles suppressions d’emplois qui vont toucher Paris remettent un peu plus encore en cause nos missions de service public et dégradent des conditions de travail déjà extrêmement tendues. Nous avons une fois de plus dénoncé la succession des mesures d’ajustement destinées à absorber ces réductions d’effectifs : restructurations, travaux permanents, pseudo simplifications, démarche stratégique, réorganisation des missions transverses, etc… Au nom des collègues, nous avons insisté sur les risques psycho-sociaux que ce contexte engendre. Avec les précautions d’usage, nous avons rappelé nos craintes de voir se réaliser le syndrome France-Télécom mentionné en son temps dans le rapport Carcenac. Les tensions en cours dans les services ou avec le public sont indissociables de nos conditions de travail. Nos missions sont également en cause. Comment pourrions nous succomber au séduisant discours du ministre qui souligne « l’excellence » de notre administration alors qu’il continue de valider et d’assumer les suppressions de postes ? Comment ne pas rappeler que sa visite intervient sur un site disposant d’une vaste zone d’accueil récemment rénovée, hors période d’affluence, alors que la plupart des sites parisiens souffrent d’accueils sous-dimensionnés ?
Pour toute réponse, M Cazeneuve nous a asséné la nécessaire maîtrise de la mauvaise dépense publique [nous ?], les 70 milliards d’impôts supplémentaires subis par les Français en quelques années et les contraintes européennes en matière de taux d’intérêt. Il a pleinement assumé la mise en oeuvre d’une politique clairement néo-libérale, martelant que nous devions faire des sacrifices, mais que, par contre, nous devions avoir comme priorité le soutien aux entreprises : limiter les dépenses… et les recettes ! Nouvelle conception de nos missions et du « cœur » de notre métier ! Seule concession, il a précisé qu’en matière de mobilité des agents, il n’était pas un « intégriste » de l’interministérialité et qu’il se rendait bien compte des difficultés que cela soulevait. Et bien qu’il abandonne tout simplement ce projet de développer les statuts interministériels !
Le discours convenu de la crise et des efforts budgétaires s’est très vite heurté à nos interventions concernant la nécessaire lutte contre la fraude fiscale, au rappel des 200 milliards d’aides et subventions diverses accordées aux entreprises sans contrepartie, aux remboursements d’impôts et de créances effectués dans un contexte de contrôles allégés, aux retards pris en matière de recouvrement. Les agent-e-s des Finances Publiques ne sont pas responsables du déficit mais sont bien au contraire une ressource et un rempart contre la fraude fiscale. La remise en cause du consentement à l’impôt trouve précisément son origine dans le sentiment d’injustice que ressentent les contribuables qui assistent impuissants aux cadeaux fiscaux et à l’allègement des contrôles au profit des entreprises.
Reste donc de cet échange le sentiment attendu d’insatisfaction. C’est bien là la limite de l’exercice d’un ministre qui écoute les agent-e-s mais ne les entend pas, qui assume sa politique libérale et ses contradictions face aux exigences d’un service public de qualité. Mais nous nous devions de dénoncer la situation que vivent quotidiennement les agents dans les services afin que la visite soit un peu plus complète. Reste aussi la garantie d’être défendu dans les médias par M Cazeneuve lorsque des propos hostiles viseront des fonctionnaires des Finances Publiques, ce qui n’est évidemment pas une réponse sérieuse aux problèmes en cours. Nous n’avons pas besoin d’une tape dans le dos ou de paternalisme mais bien d’emplois et de moyens supplémentaires. Cette réponse nous nous donnerons les moyens de l’obtenir par la réussite massive d’une mobilisation de toute la DGFIP pour hisser le rapport de force à la hauteur de nos revendications !