La DG nous a vendu la réingéniérie des processus comme un progrès extraordinaire pour les services. Modernisation, dématérialisation, informatisation, simplification sont les mots clés de ce procédé. Les conséquences de ces « évolutions » de notre administration sont multiples… suppressions de postes bien sûr, mais aussi désorganisation du travail et difficultés nouvelles pour les collègues. « Paroles de collègues » vous relate le ressenti d’agent-es interrogé-es par des militant-es CGT dans des SIP, SIE et PELP parisiens. Cet article est une synthèse succincte des témoignages recueillis. Pensez-vous que les » évolutions » imposées par la DG ont eu un effet positif dans votre travail quotidien ? Dans les SIE, les multiples applications informatiques censées faciliter le travail des agent-es s’avèrent chronophages par un double travail de vérification. Évoluant chaque année, elles génèrent des bugs fréquents que les agent-es doivent prendre en charge sans pouvoir les résoudre. Les redevables appellent et, dans la plupart des cas, sont renvoyés à l’assistance technique. Cette dégradation de la relation avec le redevable entraîne des difficultés humaines potentiellement à risque. Les changements constants des modalités des téléprocédures ont des conséquences pratiques elles aussi sur le travail des agent-es. L’augmentation des appels téléphoniques, courriels et réceptions concernent des problèmes liés à celles-ci et, pour corollaire l’impossibilité pour les agent-es d’en régler une partie sans passer par une assistance technique. Ils ne peuvent assurer le « SAV » de cette simplification pour des redevables car ils n’ont plus la main sur leur outil de travail. En SIP, pas vraiment de simplification non plus, l’affluence est toujours constante. En effet les télédéclarants viennent quand même. Avec la dématérialisation totale, le public vient chercher des imprimés, les personnes âgées doivent créer un compte sur le site de retraite pour avoir le montant à déclarer et ne comprennent pas. Enfin, la 2042 se compléxifie et il y a donc énormément d’appels téléphoniques y compris après la date officielle de la campagne pour ceux qui télédéclarent car l’assistance téléphonique a été reportée sur les SIP. La diminution de la saisie est sensible mais le retraitement sur listing prend autant de temps. Comme en SIE, les nouveautés fiscales arrivent souvent par le canal des redevables, des comptables ou avocats car les chefs de services n’ont plus de temps de faire de notes de synthèses. Outre cette perte en crédibilité évidente, les jeunes agent-es se retrouvent parfois perdu-es. passant leur temps à rechercher l’information, NAUSICAA n’étant pas un outil performant. Au pôle d’évaluation des locaux professionnels (PELP), le travail quotidien des agent-es, déjà fortement affecté par le manque de moyens mis à disposition lors de sa création, s’est alourdi avec la révision foncière, source infinie de tâches supplémentaires… sans compter le scannage des déclarations sur VIDOC mal ficelé : locaux non indexés, archivage des dossiers vivants inapproprié, nouvelles déclarations non scannées… L’ensemble de ces » évolutions » ont-elles eu des effets sur les missions ? Pour les collègues des SIE, la déqualification technique est devenue évidente avec la parcellisation du travail, la dématérialisation des dossiers et la gestion plus contraignante de tâches annexes. Ainsi, ils ont le sentiment de devenir les prestataires des cabinets comptables exigeants, ne gérant plus que des piles de listings d’anomalies au rythme de leurs sorties. Face à ce sentiment d’urgence permanent, tout devient prioritaire… et donc rien ne l’est ! Certains chefs de service sont dans l’impossibilité de définir clairement les priorités devant leurs agent-es. La campagne étant la vitrine de l’administration dans les SIP, la très lourde charge de mise à jour de la TH et le travail sur listings (devenu la norme), ne sont pas comptabilisés à leur juste valeur par la hiérarchie. Là encore, le dossier est décomposé, le travail… « taylorisé » avec les conséquences que cela implique : dévalorisation, perte du sens du travail et modifications insidieuses de la nature des missions. Ainsi, la télédéclaration par le contribuable génère la disparation totale du contrôle formel sur ces dossiers (remplacé par le CSP d’initiative), mission désormais enterrée, posant avec acuité le problème de l’équité fiscale pour ceux qui déclarent « papier ». Au PELP, la séparation avec les CDIF induit une perte de la matière fiscale. Le traitement des dossiers qui relèvent à la fois du PELP et du CDIF conduit à l’éclatement du dossier fiscal sans protocole clair. Cette restructuration révèle aussi une gestion catastrophique et incohérente des locaux à Paris. Le Pavé de Paname – n°25
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